Les manœuvres de Philip Morris contre la lutte antitabac
Face aux dispositions prises par la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac (CCLAT) depuis quelques années, les cigarettiers s’efforcent de montrer « patte blanche » en proposant de nouveaux produits qui répondent aux exigences sanitaires.
C’est dans ce contexte que Philip Morris International (PMI) a dévoilé, il y a quelques mois, sa nouvelle iQos, un bâtonnet chaufferette composé de tabac qui ne serait plus brûlé mais chauffé. Selon le cigarettier, cette nouvelle innovation serait 90% moins nocive qu’une cigarette classique. PMI semble ainsi se plier aux règles de la CCLAT. L’entreprise a ainsi investi des milliards de dollars pour le développement de nouveaux produits à risques réduits.
En réalité, il semblerait que les apparences soient trompeuses : d’après une vaste enquête réalisée par l’agence de presse Reuters qui met en lumière les manœuvres du cigarettier, Philip Morris aurait tenté d’influencer les décisions prises par la CCLAT.
La CCLAT est définie par un traité, entré en vigueur en 2005 et regroupant 168 pays. Elle se réunit tous les 2 ans lors de conférences visant à proposer de nouvelles dispositions dans le contexte de lutte antitabac. Tous les cigarettiers, bien que non conviés, sont au courant de ces conférences. Mais il semblerait que Philip Morris s’y invite discrètement… Dans son enquête, Reuters révèle en effet que ce géant du tabac infiltrerait ces réunions.
Philip Morris infiltrerait les réunions de la CCLAT
Le but : mener des actions de lutte contre les dispositions prises par la CCLAT. La manière : en approchant voire en tentant d’influencer certains de ses membres.
Pour prouver ce qu’elle avance, l’agence Reuters a publié certains documents internes de PMI. On y retrouve notamment un mail envoyé par Chris Kodderman. Le responsable des affaires publiques du groupe félicitait alors une trentaine de ses employés. La raison de sa satisfaction : leurs efforts, fournis lors de la réunion d’octobre 2014 tenue à Moscou. Les employés s’y étaient infiltrés, pour contrer ou minimiser les protocoles proposés par la CCLAT.
La direction de PMI se défend de ces accusations en soulignant l’importance des interactions avec les décideurs. Pour un porte-parole du groupe, il est légitime de vouloir exprimer son point de vue. « Bien sûr, nous interagissons avec les gouvernements et partageons notre point de vue avec eux, comme n’importe quelle entreprise ».