12 millions investis par Big Tobacco pour lutter contre l’interdiction du tabac aromatisé
La ville de San Francisco a décidé d’interdire la commercialisation du tabac parfumé et par extension des arômes pour dispositifs de vape. L’ordonnance devait entrer en vigueur en avril dernier. Ce projet a toutefois immédiatement fait l’objet d’une levée de boucliers de la part des petits commerçants mais également le géant du tabac R.J. Reynolds Tobacco. Ce dernier racheté l’année dernière pour un montant de près de 50 milliards de dollars par la firme britannique BAT craint de perdre une manne financière conséquente.
Selon les élus locaux, les saveurs sucrées et acidulées qui masquent le goût de la nicotine incitent les jeunes à fumer. R.J. Reynolds Tobacco Co a rapidement contre-attaqué en investissant des millions de dollars dans une campagne publicitaire d’envergure. Leur but est d’inciter les électeurs de San Francisco à rejeter massivement cette interdiction.
La bataille financière des pros et des antis « tabac parfumé »
Pamela Ling, professeur de médecine à l’Université de Californie à San Francisco a réalisé une étude sur le comportement des jeunes vis-à-vis de certaines addictions. Ses résultats montrent que le tabagisme régresse parmi cette tranche de la population mais les adolescents sont de plus en plus enclins à utiliser des cigarettes électroniques. Les nouvelles saveurs des e-liquides sont d’ailleurs, selon elle un facteur incitatif pour les élèves.
Les partisans de l’interdiction ont réussi à récolter 2,8 millions de dollars dont plus de 2 millions proviennent directement du portefeuille personnel de l’ancien maire de New-York Michael Bloomberg. Ce milliardaire a par ailleurs créé une association baptisée STOP dotée d’une enveloppe de 20 millions de dollars pour s’opposer à la diffusion du tabac dans son pays.
De l’autre côté, le cigarettier Reynolds Tobacco n’a pas hésité a prélevé 12 millions de dollars dans ses caisses pour financer la campagne “No on Proposition E”. Le message de la firme américaine est clair : l’interdiction du tabac aromatisé conduirait inéluctablement à un développement du marché noir avec des conséquences économiques dramatiques pour tous les petits commerçants. En effet, pour de nombreux commerces de proximité, les cigarettes et leurs dérivés sont des produits d’appel indispensables pour leur chiffre d’affaires. Pour être assurés de toucher un large public, les spots publicitaires ont été réalisés en anglais, mais également en espagnol et en mandarin. Reynolds Tobacco craint que l’interdiction du tabac parfumé se propage dans les différents États du pays.