Encore une étude biaisée sur la vape, en lien avec l’asthme cette fois-ci
- Jean-Pascal
- 2 juin 2021
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Récemment, un article publié dans le journal « American Thoracic Society » a affirmé que les vapoteurs ont 19% de plus de risque de souffrir d’asthme. Un pourcentage sensiblement identique à celui des fumeurs dont la probabilité de devenir asthmatique augmente est de 20% avec la cigarette. Mais, en y regardant de plus près, ces chiffres sont biaisés.
Tout d’abord, l’étude a utilisé des données recueillies dans le cadre de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC). Ce projet, initié en 2000, a pour objectif de collecter des informations sur l’état de santé de la population. Les citoyens canadiens étaient libres de répondre (ou pas) aux questionnaires et la campagne menée entre 2015 à 2018 a permet de recueillir des données sur 222 949 personnes âgées d’au moins 12 ans.
Il est important de rappeler que l’ESCC se fait exclusivement sur le volontariat et aucun contrôle à postériori n’est réalisé sur les réponses des participants. Or, dans le cadre de cette vaste enquête, les sondés sont invités à se prononcer sur leur état de santé. Aussi pour des personnes sans formation médicale, il est difficile de diagnostiquer une maladie comme l’asthme. Cette inflammation permanente des bronches peut être confondue avec de nombreuses autres pathologies comme une bronchite, une rhinite allergique, la BPCO… Dans ces conditions, impossible pour les responsables de cette étude de s’assurer du nombre véritable d’asthmatiques dans leur panel.
Des chiffres corrigés, un panel morcelé…
L’étude publiée dans l’« American Thoracic Society » n’a pris en compte que les déclarations de 17 190 personnes soit même pas 8 % du panel du ESCC. Ce faible pourcentage est vraiment étonnant alors qu’aujourd’hui l’informatique permet de traiter et de compiler une masse de données plus complexe. Aussi, on peut légitimement se poser la question du mode de sélection des 17 190 personnes.
De plus, pour calculer les pourcentages de personnes souffrant d’asthme suivant leur groupe (fumeurs, non-fumeurs, vapoteurs, non-vapoteurs…), les chercheurs en charge de cette étude ont utilisé une régression logique multivariable des variables sélectionnées. Pour faire plus simple, ils ont attribué des coefficients correctifs à certains chiffres pour une meilleure représentativité de leur échantillon de référence. En introduisant des facteurs rectificatifs, il est possible de changer complètement les conditions d’une telle étude. Même s’il n’y avait aucune volonté de la part des responsables de cette étude de falsifier les données, la méthodologie utilisée laisse perplexe.