Une étude américaine controversée relance le débat sur les bénéfices de la vape
- Jean-Pascal
- 5 mars 2018
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Le laboratoire de Bloomberg School vient de mettre en évidence un effet potentiellement dangereux de la e-cigarette. L’étude montrerait que les aérosols émis par les dispositifs de vape contiennent des concentrations importantes de métaux lourds dont le plomb.
L’étude menée par Ana Maria Rule a consisté à quantifier le niveau des substances toxiques dans les vapeurs de e-cigarettes. Les concentrations mesurées atteignent, voire dépassent, les limites définies comme sans danger. Ces valeurs ont été établies par l’Agence américaine de protection de l’environnement, une organisation indépendante du gouvernement des États-Unis. Les taux observés sont même près de 25 fois plus élevés dans les aérosols comparés à la quantité relevée dans les e-liquides avant chauffage.
Ces données sont-elles susceptibles de remettre en question les bienfaits de la e-cig par rapport à la cigarette conventionnelle ? Pas nécessairement. En effet, les résultats de cette expérience publiés dans la revue Environmental Health Perspectives doivent être pris avec précaution.
Le e-cigarette reste une très bonne alternative au tabac
Tout d’abord, la question pertinente est de savoir d’où proviennent ces métaux lourds inhalés par le vapoteur? La nicotine présente dans les e-liquides est extraite des feuilles de tabac. Pour croître, la plante puise ses ressources nutritives dans le sol. Or, la terre est polluée par des substances toxiques comme le plomb, l’arsenic, le cadmium ou le nickel. Au cours de son existence, la plante va emmagasiner ces métaux dans ses racines et ses feuilles. Ces produits dangereux vont ensuite se retrouver dans le tabac des cigarettes mais également parfois dans les e-liquides.
Toutefois, les résultats de cette étude ne doivent pas alarmer les vapoteurs. En effet, l’expérience menée par le Dr Rule est incomplète. Pour tirer des conclusions claires et sans ambiguïté, la chercheuse aurait dû faire une étude comparative de la quantité de métaux générés par les stylos à vapeur et les cigarettes traditionnelles.
Farsalinos contre-attaque
De plus, le Dr Konstantinos Farsalinos connu pour ses recherches sur l’impact des cigarettes électroniques se veut très rassurant. D’après ses propres recherches menées en 2015, le taux de métaux présents dans les aérosols n’aurait que peu d’impact sur la santé des vapoteurs. Il l’a d’ailleurs évoqué sur Facebook :
“A tous ceux qui posent des questions au sujet de la récente étude sur les émissions de métaux par les cigarettes électroniques, voici mon commentaire : La quantité significative de métaux que les auteurs ont déclaré avoir trouvé a été mesurée en μg/kg. En fait, ils sont si bas que pour certains cas (chrome et plomb) j’ai calculé qu’il faudrait vapoter plus de 100 ml par jour pour dépasser les limites fixées par la FDA pour la prise quotidienne de médicaments par inhalation.”
De son côté, le David Eaton du département de Pharmacologie et de toxicologie de l’université de Washington est formel. Selon lui, la e-cigarette reste, à l’heure actuelle, la meilleure option pour arrêter de fumer du tabac.