Enquête sur le DIY et ses usages

 Enquête sur le DIY et ses usages

Norbert Neuvy

Le Vaping Post vient de publier les résultats d’une enquête sur les usages du DIY chez les vapoteurs. Avec 513 répondants, le sondage a rencontré un certain succès et l’éclairage qu’il apporte est fort utile. Ainsi, on y apprend que plus de 91% des vapoteurs utilisent des flacons supérieurs à 10 ml, c’est-à-dire soit en DIY, soit en fiole concentrée avec booster. Côté distributeur, le constat est identique avec 96% d’entre eux qui vendent des e-liquides dans des formats supérieurs à 10 ml.

Or, la TPD ne protège les vapoteurs européens qu’en cas d’utilisation de flacons nicotinés de 10ml. On retrouverait donc dans les e-liquides concentrés et DIY des substances pas toujours préconisées pour la vape : diacétyl, sucralose, colorants, etc.

Les vapoteurs quant à eux mettent en avant le côté peu écologique des flacons de 10 ml et souhaiteraient voir les notifications de mises sur le marché étendues aux e-liquides sans nicotine. D’autres ne vapent plus que des e-liquides certifiés AFNOR, sans doute effrayés par la crise américaine récente pleine d’amalgames.

En septembre dernier, c’est Norbert Neuvy, fondateur de D’LICE, dont les e-liquides sont certifiés AFNOR, qui avait tiré la sonnette d’alarme sur l’explosion de la vape DIY sur Facebook :

 

 

Interview de Norbert Neuvy, fondateur de D’LICE

C’est son post qui a tout déclenché. Suite à l’enquête du Vaping Post, nous lui avons posé quelques questions.

Blog-Vape : bonjour Norbert, merci de répondre à ces quelques questions pour Blog Vape. Pouvez-vous nous expliquer en quelques mots ce qui vous a poussé à passer ce « coup de gueule » sur Facebook en septembre ?

Norbert Neuvy : C’est très simple. Il existe aujourd’hui sur le marché de la cigarette électronique 3 types de produits à vapoter :

  • tout d’abord des e-liquides nicotinés en flacon de 10ml. Ces derniers sont encadrés par une réglementation française et européenne stricte qui apporte une première sécurité au vapoteur,
  • puis il y a les solutions DIY (comprenez les bases PG/VG, les bases aromatiques, les boosters de nicotine), vendus à parts,
  • enfin, il y a les flacons sans nicotine d’un contenant supérieur à 10ml.

Ces deux derniers produits ne sont actuellement pas concernés par les réglementations s’appliquant aux e-liquides nicotinés. Ils sont donc mis à la vente sans aucune obligation de contrôle qualité et sécurité ! Et c’est ainsi que depuis plusieurs mois, nous constatons une course à l’extravagance chez certains fabricants peu scrupuleux. Ils n’hésitent pas à proposer aux vapoteurs des e-liquides toujours plus sucrés, toujours plus gourmands, toujours plus improbables et hors de toute analyse qualité, exposant dans le même temps la vape à des « ingrédients douteux » qui ne sont pas forcément destinés à être inhalés.

Faut-il prendre le risque de discréditer encore un peu plus la cigarette électronique aux yeux du grand public quand on sait que “59% des français pensent (à tort) que vapoter est autant voire plus dangereux que fumer” (sondage BVA réalisé en Septembre 2019) ou s’inscrire dans une démarche responsable en consolidant l’image « positive » de notre secteur d’activité ?

D’LICE a fait son choix… C’est pour ça que nous ne commercialisons que des e-liquides certifiés AFNOR qui respectent la norme XP-D90-300-2.

BV : Vous évoquez la norme AFNOR. Qu’apporte-t-elle en termes de sécurité pour le vapoteurs ?

NN : Choisir un e-liquide certifié AFNOR Certification, c’est l’assurance de vapoter un e-liquide analysé sous toutes ses coutures par un organisme de contrôle agréé et indépendant !

Choisir un e-liquide certifié AFNOR Certification, c’est se tourner vers une marque auditée tous les ans, qui teste régulièrement en laboratoire ses produits et qui effectue un contrôle interne permanent sur la qualité de ses produits.

Choisir un e-liquide certifié AFNOR Certification, c’est surtout avoir la garantie que toute une liste d’ingrédients douteux à l’inhalation sont exclus dans la fabrication. Par exemple les sucres, édulcorants et colorants, les huiles végétales et minérales, les libérateurs de formaldéhyde, le diacétyle, les conservateurs, les substances classées cancérogènes, mutagènes ou reprotoxiques, les molécules actives sur le plan pharmacologique (autre que la nicotine), les composés indésirables et autres métaux lourds.

BV Les résultats de l’enquête du Vaping Post vous surprennent-ils ?

NN : Non, nous ne sommes pas surpris des résultats. Nous admettons la praticité et nous comprenons l’intérêt économique des vapoteurs pour le DIY ou les flacons à booster d’un contenant supérieur à 10 ml. Mais nous notons également le doute légitime émis par le grand public et les professionnels de la vape sur la qualité générale de ce type de produits qui échappe aux différentes réglementations en vigueur en France et en Europe. Les ex-fumeurs quittent le tabac pour se débarrasser notamment des 50 substances cancérogènes, il est logique qu’ils attendent de la part de leurs fabricants de e-liquides des produits de grande qualité et une traçabilité irréprochable.

BV : Pensez-vous que le DIY peut poser problème à long terme ? Pourrait-il être responsable d’une crise comme celle aux États-Unis, en l’absence de TPD couvrant ce type de produits ?

NN : Nous demandons pour le DIY et les flacons de grand contenant, une réglementation identique aux e-liquides nicotinés de 10ml. Nous ne pouvons plus prendre de risque parce que notre secteur d’activité est scruté et exposé médiatiquement. Un problème sur le marché français viendrait discréditer la vape et ruiner les efforts des fabricants qui travaillent sérieusement. Mais lorsque je vois sur le marché des e-liquides sans étiquette, sans déclaration de recette à l’INRS ou à l’ANSES, sans adresse de fabricant, sans numéro de lot, sans informations non plus sur les éventuels allergènes je me pose des questions… Que se passerait-il si un enfant ingurgite demain le contenu d’un produit “DIY” ? Comment les services des urgences pourront-ils prodiguer les soins utiles sans connaître ni le dosage précis de nicotine ni la liste des ingrédients avalés… Soyons responsables ! La cigarette électronique est un formidable outil de sevrage tabagique. Alors évitons au maximum de porter atteinte à sa réputation.

Jeremie

Jeremie est journaliste vape depuis plus de 7 ans dans la presse papier et en ligne. Toujours à l’affût des tendances, il a déjà testé des centaines de matériels.

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