1,6 million de Français auraient abandonné la cigarette

Le 25 mars dernier, le Premier ministre a fait une déclaration saisissante : 1,6 million de Français ont renoncé au tabac depuis début 2024 d’après une étude réalisée par « Baromètre Santé ». Le gouvernement se félicite de cette très bonne nouvelle et met en avant les retombées positives des différentes mesures prises pour lutter contre le tabagisme. Mais qu’est-ce qui se cache réellement derrière ces chiffres ?

En préambule du « Comité interministériel pour la Santé », Édouard Philippe s’est réjoui de la diminution de 600 000 fumeurs durant le premier semestre 2018. Ce chiffre s’ajoute aux 1 000 000 de personnes qui ont déclaré avoir arrêté la cigarette en 2024.  Le Premier ministre français attribue ces bons résultats aux lois anti-tabac mis en place par son gouvernement. Depuis janvier 2024, le prix du paquet de tabac a augmenté de plus de 1 euro, la vente du paquet neutre est devenue obligatoire et les substituts nicotiniques sont maintenant remboursés.

Dans son discours, Édouard Philippe n’a fait aucunement mention de l’augmentation du nombre de vapoteurs en France. De plus,  les chiffres donnés par « Baromètre Santé » sont sujets à caution.

Les dessous d’un sondage à la méthodologie discutable

Pour déterminer le nombre de fumeurs qui ont délaissé la cigarette, le gouvernement a confié l’enquête à « Baromètre Santé ». Cette société a procédé à des sondages aléatoires impliquant seulement 9 076 français âgés de 18 à 75 ans. Des numéros de téléphone étaient choisis de manière aléatoire pour établir ce panel. Cet échantillon était censé être représentatif de la population française. Par extrapolation, l’institut de sondage a calculé une baisse de 600 000 fumeurs au premier semestre 2018.

Il s’est avéré que  la durée de chaque interview n’excédait pas 10 minutes, or il est légitime de s’interroger sur la pertinence des résultats d’un entretien aussi court. De plus, lors de son discours, Édouard Philippe ne s’est pas appesanti sur les détails de ce sondage. Il n’a pas fait mention non plus de l’explosion des cigarettes de contrebande dans l’hexagone, ni du nombre important de fumeurs qui se tournent vers la vape pour arrêter le tabac.